Film documentaire et outil d’animation
Toutes ces histoires qui nous racontent
À travers ses ateliers MédiaExpression et en compagnie du musicien et réalisateur Pierre Chemin, Média Animation a déployé ces dernières années une vaste réflexion sur la transmission orale, main dans la main avec les publics de l’Éducation Permanente. Le tournage du film Toutes ces histoires qui nous racontent synthétise une quantité de portes d’entrée dans cette thématique. Le film et l’outil qui l’accompagne encouragent tout·e animateur·rice de groupe d’adultes à explorer collectivement les contes, légendes, histoires et chansons qui façonnent nos regards sur le monde.
C’est au fond une démarche presqu’anthropologique qui anime Pierre Chemin, avec le projet Toutes ces histoires [1] : un vaste « collectage » des histoires qui irriguent le tissu multiculturel de la commune de Saint-Josse (Bruxelles). L’ambition : maintenir vivace les dialectes et cultures, sauver de l’oubli les récits qui les ont nourris, et exploiter le prétexte de la « collecte » pour tisser du lien entre habitant·es. Depuis 2018, accompagnées par Laura Dachelet et Média Animation, de nombreuses associations ont pris part à des ateliers autour de l’oralité. La collecte et l’analyse critique de récits s’y combinent à une approche créative, exploitant le son et l’image pour mettre en question les enjeux de la transmission. Le tournage du film Toutes ces histoires qui nous racontent a permis de recroiser une multitude de personnes rencontrées au fil des ateliers et pérégrinations dans les rues de Saint-Josse. Le film est à découvrir en demandant simplement un code d’accès.
Télécharger le dossier de presse du film.
Un outil pour mettre l’oralité en question
Toutes ces histoires qui nous racontent suscite l’échange. L’outil d’animation qui complète le film a logiquement pour fonction d’accompagner tout·e accompagnant·e de groupes d’adultes désireux·se de débattre de la transmission orale dans une dynamique d’éducation permanente. Cette proposition réflexive sur le film est déclinée en regard des thématiques abordées : la fonction de l’oralité et du conte, le rapport entre écrit et oral, le rôle des récits familiaux, les représentations et valeurs qui y sont proposées… À l’animateur·rice d’appuyer avec son groupe l’un ou l’autre des aspects soulevés par le film.
Un outil pour perpétrer une démarche de « collectage » d’histoires
Mais Toutes ces histoires qui nous racontent appelle aussi les publics à s’impliquer, eux aussi, dans une collecte de récits : comment s’y prendre pour creuser dans les mémoires et en exhumer les histoires enfouies ? Quelles sont celles qui se transmettent dans une culture spécifique ? Dans une famille ? Quels contes, quelles comptines, quels souvenirs, joyeux ou tristes ? Grâce à différentes démarches d’activités, l’animateur·rice peut s’approprier le projet et l’enrichir. Ces activités offrent aussi l’opportunité de questionner la nature même d’un récit : de quoi est-il composé ? comment structure-t-on les histoires ? quelles sont les thématiques récurrentes, et quelles sont celles qu’on occulte ?
Quand on investigue ses propres souvenirs, l’anodin côtoie l’essentiel. L’histoire personnelle se révèle, et lève le voile sur l’Histoire avec un grand « H ». Pour chacun et chacune, exhumer les éléments de son propre « récit de vie », c’est se reconnecter à soi et se lier aux autres.
Un outil pour poser un regard critique sur « nos » histoires
Les contenus qui se sont oralement transmis au fil des âges ont de bien des manières été « médiatisés », arrêtés en un texte ou un enregistrement. Le folkloriste Alan Lomax (1915–2002) a par exemple opéré un travail de titan : enregistrer près de 20.000 comptines, chants et récits aux quatre coin du sud des États-Unis. Il a ainsi immortalisé et archivé un gigantesque pan des cultures afro-américaines, rurales, vernaculaires [2]. Mais bien avant lui et dans d’autres circonstances, des auteurs ont figé les contes dans une forme littéraire : Charles Perrault en France (au XVIIème siècle), les frères Grimm en Allemagne ou Andersen en Scandinavie (au XIXème siècle) : tous ont non seulement collectés, mais ont aussi synthétisé les différentes versions d’une histoire pour l’ancrer dans des recueils devenus incontournables. La pop culture contemporaine – Walt Disney en tête – y pioche allègrement, comme dans un réservoir universel d’histoires. Maintes fois remâchées, parodiées, adaptées, critiquées, les péripéties de La Petite Sirène ou du Petit Chaperon Rouge deviennent l’objet d’une lutte entre ceux qui voudraient préserver ces contes historiques de toute altération, et ceux qui considèrent qu’un regard neuf doit être porté sur eux. Les contes des Mille et Unes Nuits, collectés au Moyen Orient par le français Antoine Galland au XVIIème siècle, méritent en effet d’être confrontés pour le regard "exotisant" qu’ils proposent sur les cultures orientales, et sur le rôle qu’ils ont joué dans notre perception d’autres populations. De même, les valeurs, morales et représentations à l’œuvre dans nos récits traditionnels (et leurs adaptations cinématographiques) méritent aujourd’hui d’être confrontées.
C’est à cette « réappropriation » des contes que Média Animation a contribué à travers de nombreux projets collectifs. L’outil ici présent propose à tout·e animateur·rice de s’inspirer de cette démarche. C’est ainsi, probablement, que l’on peut maintenir vivant notre patrimoine oral, tout en questionnant le rôle qu’il joue dans la reproduction de certaines dominations.
Découvrir le film et l’outil
Vous souhaitez organiser une projection du film ou l’insérer dans votre programmation culturelle ? Il suffit de contacter l’équipe. Et n’hésitez pas à faire de même pour toute demande d’accompagnement du film et des activités qu’il suscite.
Les fiches d’animation sont téléchargeables ici :