Le sans-abrisme dans l’info : des statistiques désincarnées au dévoilement de l’intime
Dans le film de fiction Hiver 54 (Denis Amar, 1989), l’abbé Pierre exhortait un journaliste souhaitant promouvoir sa démarche d’aide aux sans-abris : « L’autre jour on m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup touché. On m’a dit que j’étais la voix de tous ces hommes sans voix. Alors toi, il faut que tu sois les yeux. Des yeux pour tous ceux qui se payent le luxe d’être aveugles ». Dans quelle mesure le monde de l’information est-il parvenu à relever ce défi ? Deux tendances se dégagent. Elles dépendent du support communicationnel choisi : l’exposition de l’histoire intime sur les réseaux sociaux répond au dévoilement de froides statistiques dans les médias traditionnels.
1936. La photographe américaine Dorothea Lange écume les routes pour le compte du Ministère de l’Agriculture. Son objectif : investiguer les conditions de vie des migrants et migrantes arrivant de l’est du pays, et tentant de rejoindre l’Eldorado californien pour fuir la misère. Son portrait intemporel de la « mère migrante » sera relayé par la presse et deviendra l’icône de la grande dépression. L’image sera instrumentalisée, tantôt pour incriminer un système économique inhumain, tantôt pour valoriser l’action bienveillante du gouvernement pour aider les paysans ruinés. Les spéculations sur l’histoire ou l’identité de cette dame et sa famille iront bon train, jusqu’à soupçonner la photographe d’avoir mis en scène le cliché pour émouvoir le public.
Pour Pia Viewing, commissaire d’une exposition sur l’artiste au Jeu de Paume à Paris en 2018, « Dorothea Lange est une photographe qui fait plusieurs prises de vue d’une même scène. (…) Donc elle va cadrer du plus loin au plus près. Et l’icône c’est la dernière des sept prises de vue. (…) On a comme une séquence de photographies qui témoignent du malaise des personnes photographiées vis-à-vis de l’intrusion de l’appareil photographique [1] ». Si cette mère offre son visage grave à l’objectif, ses deux enfants s’en cachent bel et bien. Ils ou elles ont intégré que, dans nos sociétés, la pauvreté et le sans-abrisme sont honteux. « Cette photo a conféré à Florence Owens Thompson un statut de pauvresse mère de nombreux enfants, dégradant socialement [2] ».
L’interprétation rapide de cette image emblématique, de son exploitation politique et de son impact sociétal, met en évidence les écueils auxquels le journalisme se confronte quand il documente la grande pauvreté. Est-il impudique de l’exhiber ? Ou est-ce justement essentiel pour provoquer une réaction ? Est-ce un problème de la transformer en spectacle voyeuriste ? À l’heure où la question du sans-abrisme prend une ampleur de plus en plus inquiétante et où les modes de diffusion de l’information se sont complexifiés, ces questions se posent avec plus d’importance encore. La manière d’y répondre conditionnera en partie le regard des populations sur les plus démuni·es, et l’écho qu’y donnera le monde politique.
De la pauvreté à la nuisance
Car il y a une urgence à faire évoluer les représentations sur la pauvreté et le sans-abrisme. Le projet « pauvrophobie.be », initié par Forum – Bruxelles contre les inégalités [3], a permis, chez nous, de nommer une sombre réalité : les pauvres ne sont plus seulement ignorés, ils sont pointés du doigt. La perception selon laquelle ils ou elles profiteraient du système et se complairaient dans l’assistanat est entretenue par certaines formations politiques. Au drame que ces familles affrontent (le chômage, l’expulsion, la maladie…) s’ajoute ainsi la peur et le rejet d’une société incapable d’endiguer leur descente aux enfers.
C’est peut-être par l’installation de « dispositifs anti-sdf » que cette aversion contre ceux et celles de la rue se matérialise avec le plus de violence. Ces installations ayant pour fonction d’empêcher un·e SDF de s’installer devant un commerce ou un lieu public ont été dénoncées avec cynisme par la Fondation Abbé Pierre. Elle a mis sur pied la Cérémonie des Pics d’Or, afin de « récompenser de façon satirique les pires dispositifs anti-sdf [4] », et faire ainsi campagne auprès de l’opinion publique pour empêcher ces initiatives scandaleuses [5].
Ces dernières années ont également été votés, dans différentes communes de Belgique, des arrêtés règlementant voire « criminalisant » la mendicité [6] en rue, afin de diminuer la prétendue nuisance orchestrée par les sans-abris. Dans cette perspective, c’est éloigner les pauvres du centre de la ville qu’il convient de faire, pour assurer la paix des autres citoyen·nes. Reste aux humoristes [7] ou célébrités de confronter l’incapacité des gouvernements successifs à empêcher la grande pauvreté, aux associations de terrain de se retrousser les manches, et aux rédactions de mettre cet échec de société dans leurs colonnes et leurs pages Facebook.
Des statistiques dans le titre, des expert·es dans le texte
Une étude menée en 2015 et 2016 par Strada, le Centre d’appui au secteur bruxellois de l’aide aux sans-abris montre que le sujet est bel et bien présent dans les médias belges traditionnels. Le projet pilote « housing first » a joui, à ce moment, d’une mise en lumière intéressante. Mais la réalité de la rue reste majoritairement dépeinte comme un fait divers. « De manière générale, l’information relative au sans-abrisme dans les médias de masse est tronquée. (…) En axant l’information autour d’évènements qui n’en sont pas réellement (l’hiver, les faits divers…) la presse se fait le relais d’acteurs et de types de prises en charge dominants qui véhiculent et renforcent l’idée qu’il existerait une (des) solution-clé au défi du sans-abrisme [8] ». Dans les articles collectés, l’étude a également montré que les sans-abris ont eux-mêmes ou elles-mêmes la parole dans seulement 1 % des cas. De nombreux médias se penchent donc sur le sujet, même s’ils offrent peu aux sans-abris l’opportunité de raconter leur réalité. La mise en lumière concerne également les solutions à trouver a posteriori, quand ces citoyen·nes ont touché le fond, mais confronte peu les raisons structurelles responsables de la misère extrême.
C’est aussi les résultats statistiques qui offrent une visibilité à cette problématique. Bruxelles : Le nombre de sans-abri a quadruplé ces dix dernières années, titrait, par exemple, la DH en 2019, proposant à une association de terrain de mettre les chiffres en perspective. En mars 2021, Le Soir confrontait le monde politique dans un article intitulé Le covid a déjà fait bondir le sans-abrisme à Bruxelles [9]. « Entre 2018 et 2020, le nombre de personnes sans-abri recensées à Bruxelles a pratiquement crû de 30 % », pouvait-on y lire. Ces deux dimensions – statistique et experte – fréquemment proposées par les médias généralistes quand ils s’éloignent du fait divers, offrent l’avantage d’une information pragmatique et mise en contexte. Mais les chiffres sont désincarnés. Ils sont sans nom, sans visage, sans histoire.
Sur les réseaux sociaux, la misère qui fait du like
« Personne s’imagine un jour être dehors. Même vous, qui êtes en train de me regarder ». Marie, 73 ans, vit en rue. En introduction d’une vidéo réalisée par AJ+ [10], elle implique directement l’internaute dans sa réalité, et le touche en plein cœur. Méritante et en quête de justice, Marie est un personnage qui entre en résonnance avec les abonné·es de la page : elle pourrait être la grand-mère de chacun et chacune. L’émotion mobilisée par un témoignage frontal et une interpellation du public « droit dans les yeux », voilà ce que permettent les formats audiovisuels en ligne. Ils ambitionnent de provoquer les likes, les partages, les emojis pour atteindre une vaste audience. Dans les commentaires sous cette vidéo sur Facebook, c’est l’indignation qui prime face au refus de la mairie d’octroyer un logement social à une femme qui en fait la demande depuis plus de 15 ans.
Dans une séquence du JT de la RTBF partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook en novembre 2021, c’est la vie d’Aurélie, enceinte et à la rue, que l’on peut découvrir [11]. Mais à la compassion d’une partie des internautes se mêle alors le jugement. Un jugement intransigeant. Aurélie souffre d’addiction. Elle se bat et tente, à sa mesure, de résoudre ses graves problèmes. Elle est pourtant considérée comme une « victime coupable [12] ». Elle n’entre pas dans la catégorie des « bons pauvres », aux yeux d’une partie du public. Sa marginalité émeut, mais son manque d’abnégation indispose, comme l’exprime une internaute dans un commentaire : “Et ses trois enfants dont on lui a retiré la garde on en parle quand ? "je suis enceinte donc j’ai droit à un logement" c’est un peu simpliste ! De l’aide on lui en propose mais elle n’en veut pas... trop de contraintes bien sûr !”
Pour éviter les dommages collatéraux, tout en s’assurant un maximum de clics, il faut peut-être miser sur l’effet « conte de fée ». Dans une vidéo intitulée Xavier, de SDF à mannequin [13], le magazine en ligne Vews propose un journalisme positif, un vent d’espoir sur une thématique souvent emprunte de misérabilisme. L’histoire ahurissante de Xavier, repéré par une responsable de casting, ressemble au pitch d’un film de Walt Disney. Mais le message est ambigu. Les sympathiques SDF doivent-ils attendre de trouver un trèfle à quatre feuilles pour espérer quitter la rue ?
En exposant les belles histoires, les rédactions ne s’assurent quoi qu’il en soit pas d’un débat en ligne consensuel, comme lorsqu’RTL relayait l’initiative de jeunes ayant offert un chiot à un sans-abri [14]. Aux amis des animaux de s’indigner qu’une pauvre petite boule de poils soit forcée de vivre en rue, repoussant dans la marge la personne dans le besoin.
Bienveillants ou accusateurs, la multiplicité des commentaires est garante de la survie d’une information. Son succès ou son insuccès déterminera un modèle à suivre pour des productions abordant un thème similaire. Mais sur une thématique aussi complexe que celle-ci, les journalistes sont sur une corde raide. La vision positiviste réduit un problème vaste à une histoire singulière et exceptionnelle. La représentation crue de la pauvreté prend, elle, le risque d’enrichir l’arsenal des clichés négatifs sur la pauvreté.
La voix documentaire
Face à ces deux voies sans issue, l’information contemporaine peut-elle, lorsqu’elle traite des enjeux les plus graves, à la fois émouvoir le public par l’histoire singulière, et lui offrir les clés de compréhension des rouages complexes qui sont à l’œuvre ? Le média alternatif Brut, avec l’immersion d’une journaliste sur la « Colline du crack [15] » en banlieue parisienne, a peut-être révélé au mieux le lien qui peut se tisser entre une info, ses acteurs et ses publics. Au milieu des immondices et de la tristesse, la journaliste et son audience ont découvert des êtres humains à l’histoire complexe, dépassant l’aspect repoussant de leur lieu de vie pour leur offrir de la bienveillance. Bouleversé·es, les abonné·es ont poussé le média à poursuivre l’investigation, à retrouver certaines protagonistes. Deux autres documentaires seront diffusés, centrés l’un sur Laura [16], une jeune fille belge rentrée dans sa famille entretemps, et l’autre sur Mirlène [17], toujours en lutte contre son addiction dans les rues de Paris. La réussite de cette démarche se situe peut-être dans l’expression des raisons qui ont acculé ces deux personnes. Mais l’unanimité des commentaires tient aussi à l’identité du média de diffusion, et des personnes qui le suivent.
En 2016, des journalistes de la chaîne française M6 adaptaient un « concept » d’émission britannique intitulé Benefits Street, rebaptisé Rue des Allocs [18]. Pendant plusieurs mois, leurs caméras se sont installées dans le quartier Saint-Leu, à Amiens, « un des quartiers les plus pauvres de France ». La diffusion du programme engendra de nombreux débats. Une ancienne députée de la Somme prit la plume : « La vie des pauvres est-elle, peut-elle être un spectacle ? L’intimité des autres, surtout dans des situations de fragilité pareille, doit-elle être à ce point étalée sur les petits écrans ? Je ne le crois pas. Il y a bien d’autres manières de raconter le monde et la vie que de forcer la porte de la vie privée qui doit être préservée [19] ». Le monde associatif, la mairie et des habitant·es d’Amiens ont même tenté d’interdire la diffusion des épisodes encore programmés. Le caractère racoleur de ce « docu-réalité » a été dénoncé par la presse et une partie du public, à l’image de ce blogueur : « “Dis chéri, si ce soir on regardait les pauvres se vautrer dans leurs allocs” ? Ça peut paraître violent, mais c’est, en termes plus civilisés, l’invitation que fait M6 aux Français ce soir [20] ». La photographe Ana Dumitrescu, sur le blog de Mediapart, tentait, elle, de renvoyer la question aux audiences. « Cela aurait été tourné avec une caméra donnant un rendu cinéma, je suis certaine que les réactions auraient été moins violentes. Si c’est beau c’est moins réel. (…) Donc je récapitule : au cinéma c’est un chef d’œuvre, dans la vraie vie c’est scandaleux [21] ». Selon ce point de vue, la fiction offrirait ainsi la pudeur, quand la télévision ou l’info glisseraient trop facilement vers la sensation et le mauvais goût.
Les audiences sont dispersées en communautés d’abonné·es. Leurs sensibilités fluctuent et conditionnent la réception d’un programme. Les journalistes, s’ils et elles veulent « vendre » leurs contenus, prennent en compte cet état de fait, au risque que cela les éloigne du véritable défi qu’ils et elles ont à relever : contribuer à ce que s’atténue, aux yeux du public, l’absurde frontière qui s’est dessinée entre des pauvres dignes et d’autres qui ne le seraient pas, des sans-abri vertueux et d’autres qui devraient « se prendre en main ». Mais pour le public connecté aussi, un défi se dresse : offrir une attention aux contenus les plus âpres, parfois perdus entre le plus beau but de la journée de championnat et une vidéo de sauvetage de chiot dans un torrent.
Brieuc Guffens
Dans le cadre d’un atelier de création audiovisuelle animé par Média Animation, un groupe d’apprentis-journalistes issu de la Maison de l’Emploi et le CPAS de Woluwe-Saint-Pierre a, lui aussi, relevé ce défi. « À travers le portrait de Laurence, le collectif expose modestement une rencontre, un moment d’écoute et d’empathie auprès de ces personnes vivant à même le sol, qui se retrouvent à la marge de notre société. Et pourtant, Laurence est ”comme tout le monde” ». Le film Votre rue, Mon foyer, raconte cette rencontre.
Télécharger et imprimer cette analyse :
[1] Joseph Confavreux, Dans l’œil de Dorothea Lange, Mediapart, Paris, 6 novembre 2018. https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/061118/dans-l-oeil-de-dorothea-lange?utm_content=bufferabde0&utm_medium=social&utm_source=Facebook_Page&utm_campaign=CM&fbclid=IwAR1B72BHBU4iLn3BU84fsHK_iLFeIQO6iLTONY6h-53ztnUL_vnZLVOG_KA
[4] https://www.fondation-abbe-pierre.fr/actualites/ceremonie-des-pics-dor-la-fondation-recompense-de-facon-satirique-les-pires-dispositifs-anti-sdf
[5] « Brussel’s Prout Map prend la forme d’une carte touristique qui met en lumière une quarantaine de dispositifs exemplatifs de cette architecture du mépris qui nous impacte tous ». En Belgique aussi, des acteurs se mobilisent contre le mobilier « anti-sdf ».
http://www.articule.be/images/phocagallery/carte/200310_Map_SansTraits-1.pdf
[6] Agence Belga, La Ligue des droits humains dénonce les arrêtés anti-mendicité en Belgique, RTL, 22/01/21. https://www.rtl.be/info/belgique/societe/la-ligue-des-droits-humains-denonce-les-arretes-anti-mendicite-en-belgique-1274047.aspx
[7] Faisant écho à la démarche de Coluche et de ses « Restos du cœur », l’artiste de stand up Blanche Gardin refusait en 2019 d’être nommée à l’Ordre des Arts et des Lettres, fustigeant « la politique d’Emmanuel Macron envers les SDF ».
France 24, Blanche Gardin refuse d’être décorée et fustige la politique d’Emmanuel Macron envers les SDF, France 2, Paris, 04/04/2019. https://www.france24.com/fr/20190404-france-blanche-gardin-decoration-macron-sdf-pauvrete
[8] Cécile Vanden Bossche, Un problème de couverture - La presse généraliste et le sans-abrisme à Bruxelles, Conseil Bruxellois de Coordination Scientifique, 2017.
[9] Arthur Sente, Le covid a déjà fait bondir le sans-abrisme à Bruxelles, Le Soir, Bruxelles, 17/03/2021. https://plus.lesoir.be/art/d-20210316-GLRPZW?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%2520desc%26word%3Dsans%2520abrisme
[11] Aurélie, enceinte et à la rue : plongée dans les méandres d’une vie ébranlée, RTBF, 22/04/2021. https://www.facebook.com/rtbfinfo/posts/10158484594268878
[12] « S’il fallait établir une typologie des victimes les plus susceptibles d’être stigmatisées par les médias, ce serait probablement les mêmes qui sont les plus vulnérables à la victimisation primaire : “la victime coupable et la victime culturellement légitime”, pour reprendre les catégories de Fattah (1980, p. 17). “La victime coupable”, c’est celle que l’on blâme pour une culpabilité antérieure au crime (”réelle ou imaginée”, Ibid.) afin de se déculpabiliser : “la victime culturellement légitime”, c’est celle qui appartient à “des personnes ou des groupes contre qui l’emploi de la violence est encouragé, toléré ou approuvé” (Idem, p. 19) dans une société donnée.
Georges-André Parent, Les médias : source de victimisation, Criminologie, 23(2), 47–71. , 1990. https://doi.org/10.7202/017294ar
[13] Xavier, de SDF à mannequin, RTBF, Vews, 15/09/2020. https://www.facebook.com/watch/?v=762849227832840
[14] https://www.rtl.be/info/regions/bruxelles/steve-un-sdf-bruxellois-s-etait-fait-voler-son-chien-des-jeunes-se-mobilisent-pour-lui-offrir-un-nouvel-animal-de-compagnie-1201403.aspx?fbclid=IwAR1C-ehrLfEL5qDotN20lIGFdO9NY5r44JkQp0wAXXhO_EvMVENckxoDUSY
[19] Pascale Boistard, « La rue des allocs », quand la pauvreté devient un spectacle, Huffpost, 18/08/2016, https://www.huffingtonpost.fr/pascale-boistard/m6-rue-des-allocs_b_11589090.html
[20] Le Blog de Mediapart, La Rue des allocs ou l’impasse de l’abjection ?, 17/08/2016. https://blogs.mediapart.fr/morvan56/blog/170816/la-rue-des-allocs-ou-l-impasse-de-l-abjection