Web 2.0, le réseau social
Prenez pour principe que votre ordi, ou tout autre que vous utiliserez fortuitement, est le terminal d’un système d’exploitation partagé : le web lui-même. Utilisez des applications en ligne, partagées elles-aussi donc, pour produire, individuellement mais surtout collectivement, du contenu mis à la disposition de tous… et vous deviendrez du même coup acteur du web 2.0.
C’est une autre philosophie qui tente de se mettre en place, dès que l’on entre dans la logique du Web 2.0. Le fil rouge est bien celui de la syndication, du partage, de la réutilisabilité des infos, du travail, des découvertes. Pourquoi garder pour soi des choses qui peuvent être utiles à d’autres ? Pourquoi refaire ce qui a été fait –et bien fait– par d’autres ? Pourquoi s’asseoir sur sa seule expérience et le rythme tout relatif de son énergie personnelle, alors que le partage démultiplie les effets des efforts mutuallisés ?
Le règne du partage
Si j’ai trouvé de bonnes informations, je peux distribuer la liste des signets qui les répertorie (Del.icio.us). Si j’ai fait des photos dont je parie que l’utilisation serait opportunes par d’autres utilisateurs, je peux les mutualliser sur un site de stockage en ligne (Flickr). S’il s’agit de vidéo, le concept de partage existe aussi (Youtube). Si je veux profiter de la vague qui fait qu’inséré dans un réseau de connaissances, les amis de mes amis seront peut-être aussi mes partenaires de demain, je peux déposer un profil en ligne (MySpace, 6nergie) et si mes réflexions postées en ligne sont des collaborations judicieuses à une réflexion globale sur telle ou telle thématique, je peux référencer mes textes par l’intermédiaire d’une banque de données de mots-clés ou tags (Technorati). L’idée générale qui alimente cette profusion de générosité repose sur l’idée que votre identité virtuelle est désormais une réalité concrète à établir, celle-ci pouvant se matérialiser par une fiche en ligne, véritable portfolio de votre production en ligne (Netvibes).
Même le logiciel est partagé
Si tous les contenus en ligne sont ainsi contributifs d’un vaste ensemble de savoirs offerts, c’est parce que les outils pour les concevoir et les lieux pour les stocker se sont déplacés de votre machine résidante pour s’installer en ligne, sur le net, lequel a pris la place de votre système d’exploitation. Ainsi, pour des applications aussi basiques qu’un traitement de texte, on vous suggère aujourd’hui, non plus l’usage local et payant d’une suite bureautique classique, mais bien l’enregistrement sur votre machine de fichiers produits préalablement via une application bureautique en ligne (Ajaxwrite). Si vous dites que ceci n’a que peu de chance de se mettre en place, réfléchissez à l’envol du phénomène des blogs. Il est une illustration manifeste de cette tendance en ce qui concerne la création de site. La démarche est bien celle décrite : l’application logicielle n’est plus sur votre machine, c’est l’interface blog en ligne. L’hébergement n’est pas résidant, votre site est distant (vous n’avez même pas de copie original à demeure… c’est bien là le risque) et vous êtes producteur du contenu, mais vous pouvez (et cela se fait de plus en plus) utiliser des outils collaboratifs qui autorisent la publication multi-auteurs (Wiki). Enfin, grande nouveauté dans cet univers régi par la syndication : vous n’allez pas produire une seconde fois ce que d’autres ont déjà réalisé. Le leitmotiv qui rythmera toute votre production sera la réutabilité de contenu (Retro et Permalien). Restera à vos lecteurs de s’équiper d’agrégateurs et autres Ajax applications pour compiler, mutualliser et démultiplier la richesse de contenu en cours d’élaboration.
Et du côté des associations ?
On peut imaginer que le monde associatif adopte aussi un peu cette vision sociale du web. Pour fédérer des unités de contenus de formation mis en ligne sous la forme de blogs ou de wiki, par exemple. Ou des témoignages et expériences de terrain, elles aussi très instructives et formatrices, si on les croise entre elles. En utilisant le référencement par mots-clés (tags) bien choisis, pour relier les lieux d’internet où l’on débat avec compétence et passion, des problématiques spécifiques au monde de l’animation, de l’éducation et de la formation. Alimenter l’idée, en quelque sorte, que ce n’est plus uniquement sur un site propre que se structurerait la présence en ligne d’une préoccupation : les associations et leur mode de fonctionnement. Militer plutôt à la construction interactive d’une nébuleuse globale, composée des multiples interventions disséminées sur le net, mais syndiquées pour permettre la constitution d’un fil de discussion vraiment enrichissant.
Lexique du Web 2.0
– Agrégateur : logiciel permettant l’agrégation de plusieurs sources de contenus internet au travers d’une seule application. Le suivi du contenu (syndiqué ou proposé au partage) est réalisé quasi en temps réel.
– Folksonomie : néologisme désignant un système de classification collaborative décentralisée spontanée. Pour une ressource donnée (un mot-clé, une thématique…) sa classification est l’union des classifications de cette ressource par différents contributeurs.
– RSS : Really Simple Syndication ou Rich Site Summary — famille de protocoles de syndication de contenu sur Internet, utilisant la technologie XML, utilisés principalement par les sites Web d’actualités, les weblogs et les podcasts
– Rétrolien : système de liens inter-blogues semi-automatisé. Il permet aux auteurs de relier des billets de blogues différents et parlant d’un même sujet.
– Permalien : type d’URL conçu pour référer un élément d’information reposant sur un système de gestion de contenu utilisant une base de données.
Logiciels sociaux (applications)
– AJAX : ou Asynchronous JavaScript And XML est un acronyme désignant le développement d’applications Web faisant l’utilisation conjointe de technologies telles que html, xhtml, CSS, DOM, Javascript, XML. Le chargement de la première page d’un site ainsi construit peut être pénalisé si la bibliothèque AJAX est volumineuse. Mais pour la suite, utilisant les feuilles de style (CSS) et le langage Javascript, côté client, les applications de type Ajax sont plus réactives, elles récupèrent uniquement les données nécessaires à la mise à jour. La quantité de données échangées entre le navigateur et le serveur HTTP est donc fortement réduite et le temps de traitement de la requête, côté serveur, est également légèrement réduit, une partie du traitement étant réalisé sur l’ordinateur d’où provient la requête.
– AjaxWrite : éditeur de texte gratuit en ligne utilisant une interface très simple, à l’image du Wordpad. Il permet de créer rapidement du texte et de l’enregistrer sous différents formats (.doc, .pdf, .rtf, .odt, txt) sur la machine où vous vous trouvez.
– Del.icio.us : plate-forme en ligne de mutuellisation de signets ou favoris. Les utilisateurs répertorient pour leur usage propre et mettent en partage les liens qu’ils affectionnent particulièrement. Ceux-ci peuvent être mis en rapport avec des mots-clés, de sorte à lier les signets d’un utilisateur à ceux d’un autre, au profit d’un troisième, lui aussi intéressé par la thématique.
– Frappr : site utilisant la technologie de Google Maps pour permettre à des communautés de localiser leurs membres sur une carte et d’entamer des débatsq sur la thématique qui les rassemble.
– Flickr : services de stockage de photos numériques. Par défaut, les photos mises en ligne sont publiques, l’utilisateur peut indexer celles-ci par des mots-clés (tags). Un ensemble de fonctions sociales permettent aux utilisateurs de se découvrir, se retrouver, d’échanger, de se regrouper en communautés, etc.
– MySpace : réseau social « où les Américains font avant tout du networking social un outil stratégique. Les Européens en font un lieu de sociabilité, dénué d’arrière-pensées commerciales ou de finalité utilitaire. On fait des connaissances, on s’entraide, on vient chercher une ambiance ou un bain identitaire. » selon Libération (14/12/05)
– Netvibes : plate-forme offrant à ses utilisateurs une page d’accueil personnalisable, se décomposant en modules, représentés graphiquement par des rectangles. Grâce à l’utilisation d’AJAX, l’utilisateur peut très simplement réorganiser sa page en déplaçant, supprimant ou ajoutant des modules.
– 6nergie : réseau social en ligne permettant aux utilisateurs de se rendre visible sur Internet, de recruter ou de se faire recruter, de trouver des débouchés commerciaux, des clients, d’avoir des avis d’experts et de renouer avec des connaissances perdues de vue...
– Technorati : outil d’analyse et de recherche de blogs. Il sert également de "moteur de popularité". Technocrati suit près de 5 millions de blogs, soit environ 11% de la blogosphère.
– Wiki : développé et adopté à l’origine par des communautés de développeurs de logiciels, surfant sur le mouvement "open source", le Wiki est un site Web dynamique, collaboratif et communautaire, dont tout visiteur peut modifier les pages à volonté.
– Docuwiki : plateforme wiki en PHP, ne nécessitant pas de base de données : les pages sont enregistrées sous la forme de fichiers plats. Très simple d’emploi, sans fioriture, il convient parfaitement à la réalisation de documentation collective. En mode édition, des boutons très pratiques permettent de formater le texte (titres, gras, etc).
– Wikipedia : encyclopédie libre, gratuite, universelle et multilingue, écrite collaborativement sur Internet, dans le respect de la neutralité de point de vue.
– YouTube : plate-forme de partage de fichiers vidéo, lesquels seront ensuite téléchargeables en streaming par l’internaute
Michel Berhin et Paul de Theux
10 octobre 2006