Appropriation critique des nouvelles technologies de l’information et de la communication
Face à l’implantation très rapide des NTIC, cette thématique vise à la fois à favoriser l’accès aux nouvelles technologies et à développer une approche critique vis-à-vis de celles-ci. Cette thématique d’action entend ainsi contribuer à la réduction des fractures numériques.
L’arrivée récente des NTIC, et particulièrement d’Internet mais aussi des technologies mobiles, constitue un véritable défi de société. En effet, si ces technologies sont enfin sorties du cercle fermé des techniciens et des universités pour être mises à la disposition du grand public, elles nécessitent, pour y avoir accès et être capable de les utiliser utilement, de disposer de ressources à la fois financières, sociales et culturelles qui ne sont pas accessibles à tous actuellement.
C’est ce que l’on entend habituellement par la « fracture numérique ». Média Animation préfère pluraliser en parlant deS fractureS numériqueS. L’accès à ces technologies ne suffit pas. Pour les utiliser de façon pertinente dans une société multimédiatisée, il est nécessaire de se les approprier et d’en connaître le fonctionnement, les spécificités. Enfin, à leur façon, ces nouvelles technologies contribuent à enrichir le paysage médiatique mais suscitent bien des interrogations et posent des questions de citoyenneté. Quelles relations instaurent-elles ? A quelles sources de documentation donnent-elle accès ? Comment peut-on en faire l’examen critique ? Quels sont les risques qu’elles génèrent ? Quel est leur impact sur l’évolution de la citoyenneté ? De multiples questions qui montrent bien la nécessité d’une appropriation « critique ».
La mise en œuvre d’une méthodologie d’appropriation critique des nouvelles technologies de l’information et de la communication constitue un nouveau défi que Média Animation a décidé de relever dès le milieu des années 90. En effet, l’émergence de ces nouvelles technologies a suscité très tôt de nombreuses interrogations qu’il paraissait impératif de rencontrer. Elles intéressaient également les acteurs du monde de l’informatique. Mais ceux-ci, dans la ligne de leurs travaux antérieurs, privilégiaient généralement une approche technologique, délaissant la dimension communicationnelle dont ils maîtrisaient mal les aspects et enjeux. Face à ce qui s’est progressivement présenté comme de « nouveaux médias », il convenait, avec des partenaires et des acteurs de terrains diversifiés, d’explorer ces nouveaux domaines en recherchant des hypothèses de travail à partir des usages qui étaient en train de se mettre en place.
Au fil du temps, des grandes problématiques sont apparues, qui organisent aujourd’hui les activités de cette thématique. La problématique de l’accès aux nouvelles technologies reste importante. Si les enquêtes montrent que la toute grande majorité des jeunes a accès, même de façon limitée, à Internet, il n’en est pas de même pour les adultes et pour les publics fragilisés qui cumulent toutes les exclusions. Aujourd’hui, le coût du matériel informatique, des logiciels, des périphériques et de la connexion à Internet reste important. De plus, les technologies sont en constante évolution et nécessitent une renouvellement fréquent du matériel. L’accès reste, pour une partie de la population et tout particulièrement pour les publics défavorisés, une réelle difficulté. C’est pourquoi Média Animation a participé à plusieurs actions en ce sens et va mettre en place en 2007 des Espaces Publics Numériques (EPN) dans ses trois implantations, à Bruxelles, Namur et Liège.
Au-delà de l’accès se pose la question de l’appropriation de ces technologies. Là aussi, il convenait de suivre de très près l’évolution des NTIC et de constamment faire les choix des meilleures voies pour initier cette appropriation avec ceux qui en avaient besoin. Pour beaucoup, ces technologies restent peu compréhensibles, difficiles à aborder, complexes d’utilisation. Le chantier est donc encore très important, même si de nombreux acteurs s’y sont attelés.
La troisième grande problématique, celle de l’appropriation critique, peu paraître pour beaucoup moins urgente ou vitale. Et pourtant, les nouveaux médias, comme les médias classiques, contribuent, mais de façon particulière, à l’élaboration des relations et des représentations sociales. Il parait donc indispensable de s’interroger rapidement sur ces questions fondamentales. C’est pourquoi Média Animation a recherché des partenariats forts pour prendre cette problématique à bras-le-corps et a mené plusieurs projets au niveau européen (voir plus haut), dont le rs résultats ont permis le développement d’outil et de méthodes adaptés. Plus pragmatiquement, Média Animation a fait le choix d’intégrer systématiquement cette dimension critique, même dans les ateliers d’initiation technique destinés à des publics fragilisés.
Enfin, une dernière dimension représente un réel enjeu de société : elle concerne le domaine des logiciels libres. Aujourd’hui, les NTIC sont dominées par de grands groupes commerciaux, une situation qui ne cesse de se renforcer, hier dans le domaine de l’informatique, et aujourd’hui dans celui de l’internet. Ceux-ci bénéficient souvent d’une sorte de monopole imposé mais injustifié. Or, il existe de nombreuses alternatives, souvent porteuses de projets citoyens, qui s’avèrent d’une qualité comparable et même supérieure aux produits commerciaux. Mais ils n’ont pas la même capacité de développement et de diffusion que ces derniers. Il est donc essentiel de diffuser largement les logiciels libres, leur utilisation, leur appropriation et de contribuer à leur développement. Les nouveaux Espaces publics numériques (EPN) de Média Animation vont ainsi contribuer à cet enjeu en multipliant les activités destinées à promouvoir les logiciels libres auprès de différents publics.