Radio ARM fait place « net(te) »
L’athénée royal de Marchienne-au-Pont bénéficie, depuis plusieurs années, d’une fréquence radio. Jadis utilisée, celle-ci est maintenant délaissée au profit de l’Internet. Rencontre avec Véronique Charon, professeure de morale et responsable du projet.
Depuis quand participez-vous à ce projet ?
Ça fait, je pense, onze ans ou douze ans que je m’occupe de la radio de l’école, qui existait depuis une année avant que je la prenne en main, enfin qu’on me demande de la prendre en main.
Comment a évolué le projet ?
On a d’abord reçu la longueur d’ondes, le 104.4. On émettait tous les temps de midi, à l’extérieur de l’école via la fréquence et aussi à l’intérieur via des haut-parleurs dans le hall et le réfectoire. Petit à petit, on s’est rendu compte que c’était difficile pour les gens de nous écouter, à cause de l’horaire ou parce qu’ils étaient souvent trop loin de l’école (on ne diffuse pas plus loin de quatre kilomètres autour de l’école à peine). J’ai alors constaté que la motivation baissait, parce que faire de la radio sans que personne ne vous écoute, c’est un peu frustrant. Donc, on a essayé de mettre l’accent à l’intérieur de l’école. Mais ça posait aussi des problèmes parce que tout le monde n’écoute pas, certains font du bruit et le son ne passait pas toujours bien. Finalement, on en est venu à Internet, simplement, au fur et à mesure du temps.
Quels sont les avantages et inconvénients d’Internet ?
Les avantages, c’est que chacun peut nous écouter les émissions quand il souhaite et que les jeunes qui participent à la radio peuvent faire écouter ce qu’ils ont fait et s’écouter eux-mêmes. Ce qui est dommage, c’est que, comme on ne diffuse plus les émissions en direct dans le hall et la cour, certains ne se rendent même pas compte qu’il y a une radio dans l’école.
Au niveau technique, ça me demande peut-être un peu plus de travail car c’est moi qui m’occupe du chargement en ligne, mais ça ne me dérange pas.
Pour les élèves, quelles sont les facilités et difficultés de l’Internet ?
Ils ne prennent pas en charge l’Internet, c’est moi qui m’en occupe. Eux, ils préparent et enregistrent l’émission. Mais, peut-être que d’ici la fin de l’année, j’aurai pu leur montrer comment on monte une émission et on la met sur le net. Certains en sont déjà capables, mais pas tous. On travaille surtout en fonction des compétences des élèves : certains préfèrent s’occuper de la technique et d’autres aiment parler au micro.
Qui participe au projet ?
Parfois des classes, mais les jeunes qui travaillent pendant le temps de midi viennent ici de façon volontaire. Depuis le début de l’année, c’est un groupe plutôt stable. Il arrive que l’équipe change tous les trois mois. Il faut alors tout recommencer depuis le début. Cette année heureusement, on a vraiment pu mener un travail dans la longueur. C’est plus intéressant, on va plus à fond.
Le studio est-il parfois utilisé à d’autres fins ?
L’année dernière, on a préparé des animations pour toutes les classes du maternel et du primaire. On les a accueillies en préparant, selon le niveau, une émission à leur portée, en favorisant la pratique de l’oral et l’éducation aux médias.
A quoi ressemble la préparation d’une émission-type ?
On commence par un tour de table, en déterminant quelles sont leurs envies. On essaie de mettre d’accord l’équipe et on trouve, si possible, un fil conducteur entre les diverses idées. On va ensuite rechercher de la documentation. S’il s’agit d’une interview, on prépare les questions et on les répète. On va interviewer la personne ou on la fait venir en studio, ça dépend du matériel qu’on utilise. S’il s’agit d’une émission à part entière, on fait des recherches sur internet, on jette un œil sur ce qu’on en dit dans les médias. Les élèves doivent synthétiser les sujets traités, et on répète l’émission. On travaille donc toutes les compétences de l’oral pour qu’ils ne soient pas bêtement en train de lire leurs textes et que ça ait quand même un effet radio. Car le problème d’une trop grande préparation, c’est que ça casse le spontané et qu’on assiste à une lecture enregistrée.
Quels sont les principaux apports pour les élèves ?
C’est tout à fait différent des matières traditionnelles vues à l’école, parce qu’ici ils sont vraiment partie prenante. On part de leurs envies et c’est plus vivant. Ils ne se rendent pas compte qu’ils travaillent, qu’ils font une synthèse ou un résumé. Tout est contextualisé à partir d’une situation d’apprentissage. Puis, on travaille aussi l’oral, qui n’est pas toujours abordé en classe. On parle souvent des compétences disciplinaires, mais il y a tout l’aspect relationnel aussi. Ils doivent apprendre à compter les uns sur les autres. Il faut que le technicien soit à sa place, travaille au bon moment, que tout s’enchaine. Il faut se parler, communiquer, donner les bons signes, aider l’autre s’il est en difficulté.
Les élèves possédaient-ils un bagage sur les médias avant de participer au projet ?
Non, ils découvrent complètement. Je m’en rends bien compte parce que, chaque année, une émission est suggérée : « les potins ». Leur truc serait de pouvoir donner tous les potins de l’école, surtout concernant les professeurs. A ce moment-là, on embraie forcément sur la censure et sur ce qu’on peut dire, ne pas dire, pourrait dire, et ça remet en question évidemment tout ce qui se dit ou ne se dit pas dans les médias, comme la télévision. Donc, on aborde ce sujet-là et on y réfléchit. On fait donc de l’éducation aux médias, ce qui constitue un troisième axe, à côté du disciplinaire - oral et français - et du relationnel.
A votre avis, que garderont les élèves pour le futur ?
Je pense qu’ils en gardent beaucoup. Au niveau de l’autonomie et de la confiance en soi, c’est quelque chose d’essentiel. Ils ont aussi appris à prendre en charge un sujet, à réfléchir, à synthétiser, à faire fonctionner l’esprit critique et à travailler en groupe.
Pour l’avenir, avez-vous de nouvelles idées pour développer le projet ?
Non, pas vraiment. Les idées viennent en fait des élèves, moi je les accompagne. Cette année, ça tourne bien ainsi mais, l’an prochain, s’il y a d’autres idées, elles sont les bienvenues.
Propos recueillis par Emilie Cuvelier.
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