Petits heurts entre amis …où les limites de la vie en communauté (virtuelle)
« Comment, tu n’es pas au courant ? Pourtant c’est sur Facebook ! ». « Pour les photos de la journée, rendez-vous sur Flickr ! ». « A l’occasion de cet événement, je pense qu’on devrait projeter un mur Twitter ! ». Face à ces nouvelles manières de vivre en communauté, êtes-vous plutôt motivé ou largué ?
Les communautés deviennent virtuelles... Le web 2.0 est une évolution plus qu’une révolution et nous la vivons au quotidien. Aujourd’hui, on favorise la participation et la collaboration des usagers d’un réseau. Mais cela existe depuis la nuit des temps. La spécificité de notre époque, c’est que cela se fait via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTICs). On définit une communauté virtuelle comme un groupe de personnes qui communiquent par l’intermédiaire des NTICs pour des raisons diverses (professionnelles, sociales, éducatives, etc.). Certaines communautés sont purement en ligne, d’autres se prolongent en face à face. Au départ, l’usager semble avoir une bonne raison, un prétexte (organisationnel par exemple) pour entrer dans le réseau. Mais il y participera souvent simplement pour en faire partie, rechercher des interactions sociales et faire en sorte que sa relation au réseau évolue. Un membre peut commencer comme simple observateur pour, s’il le souhaite, devenir novice et commencer à participer plus souvent à la communauté. Finalement, s’il accroche au groupe, il deviendra un habitué, voir un leader.
Je « like » donc je suis
On veut lier connaissance, se faire des amis, rencontrer des opportunités. Mais est-ce la seule raison qui pousse autant de millions de personnes à se joindre à un réseau en ligne ? Non, bien entendu. Au-delà de cette motivation, la plupart des usagers recherchent également une reconnaissance de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont. Ils peuvent être à l’affût d’une efficacité et d’un certain contrôle des choses ou des discussions qu’ils ont avec les gens, voire d’une réciprocité anticipée (ils rendent service en espérant que les autres feront de même spontanément).
Que dit-on de soi sur les réseaux ? On dévoile toujours un peu de nous-mêmes et les frontières entre les domaines professionnel/associatif et privé ne sont plus aussi évidentes qu’auparavant. Une tension entre l’individu et la communauté peut s’installer. Cela génère de la créativité, du lien mais parfois aussi des leurs quant à la nature des propos, des marques de soi qu’on laisse sur Internet. Le psychanalyste Serge Tisseron parle « d’extimité » [1]. Cette notion théorique nous aide à comprendre ce qui se passe dans la relation à l’autre sur le net. L’extimité est ce processus par lequel les membres d’une communauté virtuelle sont amenés à exposer un peu, voire beaucoup, de leur intimité sur la toile. Ils sont la plupart du temps en recherche d’une confirmation de ce qu’ils sont par les autres membres du groupe qui sont supposés partager le même système de valeurs qu’eux. Ils cherchent donc une communauté de « pairs ». Ces contenus « extimes » sont particuliers car ils sont éphémères, immédiats et propres à l’état d’esprit de celui qui les poste.
Comment gérer tout cela ?
L’évolution « web 2.0 » se caractérise au niveau technologique par la position centrale qu’occupe l’utilisateur et la co-création de contenus. On favorise la participation, la collaboration des usagers et les échanges entre eux. Mais les choses ont changé depuis l’apparition d’Internet ; les « geeks » ne sont plus les seuls concernés.
Un mouvement ou une association doit être aujourd’hui attentif à son « e-réputation ». Il peut décider de créer une communauté sur le web. Les participants aussi. Quelque soit l’initiateur, l’organisation sera de toute façon soumise à une évaluation publique basée sur les comportements, les services, les formations, les activités qu’elle mène et qui seront traduites par la diffusion massive d’expériences personnelles via les réseaux. Le dialogue et les commentaires font partie intrinsèque de la culture web. Le « groupe » devient l’objet d’une multitude de conversations publiques, sur lesquelles il peut n’avoir aucun contrôle. Le fonctionnement en réseau multiplie de façon exponentielle les relais d’opinion potentiels. A cela, s’ajoute une rémanence, c’est-à-dire une mémoire persistante du média, qui permet une accessibilité des informations plusieurs années après les faits.
Internet favorise aussi la formation de publics actifs et permet l’organisation d’actions collectives d’envergures. Mais il donne également naissance à un certain « activisme passif », où l’affiliation à des groupements plus ou moins informels est « à portée de clic ». Dans ce cas, l’effet quantitatif a davantage d’effet sur la réputation que de véritables actions structurées ou de terrains.
Comment gérer tout cela ? En pratique… [2]
Le corporate blogging :
Des responsables et des membres d’une organisation utilisent un blog pour raconter la réalité quotidienne de leur projet et pour partager leurs pensées, actions, impressions, etc.. Cela a rendu poreuses les frontières entre les différentes sphères des usagers.
Le micro blogging :
Il a surtout été popularisé par Twitter. Chacun est libre de publier des informations, pensées, impressions, à tout moment et notamment à partir de son téléphone portable. L’intérêt est également d’être suivi par une communauté d’abonnés (followers) qui reçoivent instantanément ces informations. La force de frappe et la portée d’une information réside essentiellement dans sa reprise par les membres du réseau et dans sa rediffusion de manière exponentielle.
Les réseaux sociaux :
Ils sont apparus autour de 1997. Sur les réseaux sociaux comme Facebook, Viadeo ou LinkedIn, les contacts se nouent en général suite à une rencontre ou un lien préalable. Afficher son identité véritable et des informations réelles est donc primordial pour se construire un réseau.
Facebook, le plus populaire des réseaux sociaux aujourd’hui, décrit sa mission comme étant « donner aux gens le pouvoir de partager et de rendre le monde plus ouvert et plus connecté ». On se trouve face à deux cas de figure. Soit l’association crée un groupe ou une page « fan ». Elle devient alors le support et la raison d’être du réseau et chaque individu informera ses réseaux d’appartenance et ses « amis » de son affiliation à ce groupe. On se trouve ici face à une relation triangulaire entre l’association, l’individu et la communauté. Soit le groupe ou la page Facebook est créée par le « public cible » lui-même. Dans ce cas, les membres utilisent le nom (parfois le logo) de l’association pour créer le réseau. Attention toutefois, un groupe de « fan » peut parfois être un groupe d’opposition à l’association ou à ses pratiques.
D’autres outils existent tels que les sites de partage de vidéo ou de photos (Youtube, Dailymotion, etc.). Outre l’importance de sensibiliser les membres de la communauté aux droits d’auteur et au droit à l’image, l’association doit aussi être attentive la réputation qui se construit à travers ces contenus médiatiques dont elle n’est pas toujours l’initiatrice.
En conclusion
Communiquer sur les réseaux sociaux est régi par certains principes. Le fondement de ce type de communautés est celui d’une communication entre individus. Un langage trop institutionnel ou formel ne trouvera donc pas facilement d’écho et un « porte-parole » sera le bienvenu. Avec le web 2.0, sa logique d’échange et de participation, la diffusion d’informations se fait différemment. Il est conseillé d’avoir une position d’ouverture plutôt que de contrôle, de faire participer et réagir les membres qu’ils aient des avis favorables ou critiques. Et surtout, il est important de répondre aux commentaires adressés et de prendre conscience que la conversation n’est pas seulement un moyen opérationnel. Il s’agit souvent d’une fin en soi et d’une manière de gagner la confiance des membres en les écoutant simplement, sans spécialement chercher du sens à leur propos.
Pas toujours simple de savoir où poster ses humeurs
Source : http://www.mindjumpers.com/blog/2011/11/post-your-status/
Catherine Geeroms
Média Animation
Novembre 2012
[1] Serge Tisseron, « L’intimité surexposée », 2001, Paris, Hachette.
[2] Thierry Libaert et Karine Johaness, « La communication Corporate », 2010, Paris, Dunod.