Une brochure réalisée à l’initiative de la RTBF par Prisme – Fédération wallonne LGBTQIA+ et Média Animation

LGBTphobies, médias et société

Les personnes qui s’identifient au spectre LGBTQIA+ doivent-elles se réjouir d’être représentées dans les médias ou craindre d’y être caricaturées ? À travers l’info, la fiction, la publicité ou le divertissement, les médias ont l’opportunité d’œuvrer à plus d’inclusion et de contribuer aux évolutions de la société. Mais ils engendrent aussi de la souffrance quand ils entretiennent les facteurs de la discrimination. Cette brochure propose aux industries médiatiques de questionner leurs habitudes éditoriales et offre des pistes pour que les identités de chacun·e soient respectées.

Selon les statistiques d’Unia, le nombre de dossiers introduits pour discrimination basée sur l’orientation sexuelle n’a presque jamais cessé d’augmenter ces cinq dernières années. En 2021, c’est plus du double de dossiers qui ont été introduits par rapport à 2017 [1].

Il y a une explication optimiste à cette augmentation quasi-constante : la normalisation accrue des identités LGBTQIA+ a renforcé dans beaucoup d’esprits l’importance de dénoncer les actes discriminants.

Cette normalisation partielle est le fruit du travail de nombreux·ses activistes, mais elle doit également beaucoup à nos médias. Après avoir longtemps ignoré les personnes LGBTQIA+ ou ne les avoir représentées que de manière stéréotypée voire offensante, les médias leur laissent aujourd’hui une plus grande place. Concernant les questions de genre et de sexualité, les producteur·rices ou productions se sont progressivement éloigné·es des portraits psychiatrisants, misérabilistes ou voyeuristes des décennies précédentes. Aujourd’hui, une personne homosexuelle est rarement présentée comme une attraction de foire ou souffrant de troubles mentaux. Elle trouve sa place dans de nombreux interstices médiatiques. Le cinéma de fiction, les séries, les pubs sont autant de genres médiatiques qui font évoluer le regard, et de nombreux·ses journalistes offrent un traitement exemplaire aux questions impliquant les communautés LGBTQIA+. Mais croire que tout est acquis est paresseux et l’heure n’est pas à l’auto-congratulation.

Il importe de rester vigilant·es face aux conséquences des angles pris par nos projecteurs et caméras. Ils reflètent encore trop souvent un regard hétérocentré sur le monde et les événements qui l’animent. Quand la variole du singe éclate [2], les maladresses médiatiques offrent une nouvelle occasion de stigmatiser la communauté gay. Quand un fait divers sordide voit deux femmes lesbiennes assassinées, un sensationnalisme offensant permet de « faire du clic » quitte à travestir un crime lesbophobe en fait divers croustillant [3]. Quand le cinéma met en scène les enjeux qui animent les communautés transgenres, c’est parfois en surexploitant les dimensions les plus « trash » [4]. La pub et la politique « pinkwashent » leur communication pour surfer sur les mouvements sociétaux, quand la téléréalité instrumentalise certain·es participant·es LGBTQIA+ pour pimenter le show. Pour les personnalités médiatiques LGBTQIA+ comme pour les audiences concernées, les représentations erronées ou problématiques ont des conséquences concrètes, allant de la stigmatisation au harcèlement, de l’exclusion sociale à la violence.

L’ambition de cette brochure est d’accompagner les industries médiatiques afin que le traitement des thématiques qui concernent les communautés LGBTQIA+ soit à la hauteur des évolutions sociétales et que les identités de chacun·e soient respectées.

LGBTphobies, médias et société : une brochure de Prisme – Fédération wallonne LGBTQIA+ et Média Animation réalisée à l’initiative de la RTBF (Safia Kessas, responsable diversité et égalité à la RTBF et Stéphane Hoebeke, responsable éducation aux médias). Avec le soutien de la Direction de l’Égalité des Chances (egalite.cfwb.be)

Cette publication et les messages qu’elle entend adresser à l’univers des médias s’appuient sur de nombreux témoignages de personnes s’identifiant au spectre LGBTQIA+. Ceux-ci ont été collectés en novembre et décembre 2021, d’abord grâce à un formulaire en ligne puis à des échanges en « focus group ». L’objectif était d’identifier les supports ou propos qui posent question pour les communautés concernées, de recueillir leur parole et de la retranscrire avec le plus de fidélité possible. La RTBF, Prisme et Média Animation s’associent pour remercier toutes les personnes qui ont, par leur témoignage, contribué à ancrer cette publication dans des expériences réelles.

Télécharger la brochure LGBTphobies, médias et société, ou la commander en s’adressant par mail à : v.mendieta@media-animation.be (gratuit + frais de port de 4€)

Cette brochure est placée sous licence Creative Commons (Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France - CC BY-NC-ND 3.0 FR).

[2Vincent Matalon, Variole du singe : l’épidémie risque-t-elle de s’étendre à l’ensemble de la
population ?
, France Info, 31 juillet 2022, titre modifié ensuite, https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/variole-du-singe/variole-du-singe-l-epidemie-risque-t-elle-de-s-etendre-ala-population-generale_5283259.html

[3Camille Wernaers, Double féminicide à Gouvy : « C’est un homme qui a tué deux femmes parce qu’elles se désiraient », Les Grenades, RTBF, 16/08/2021. https://www.rtbf.be/article/double-feminicide-a-gouvy-cest-un-homme-qui-a-tue-deux-femmes-parce-quelles-sedesiraient-10824858

[4Marise Ghyselings, Girl, vivement déconseillé aux personnes transgenres, Paris Match, 18/10/2018. https://parismatch.be/culture/cinema/188731/girl-deconseille-personnes-transgenres

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