À l’école des images...
Bien avant les lettres de l’alphabet, l’enfant « lit » les images. L’appareil numérique se révèle être un outil précieux pour apprendre cette « lecture » de l’image.
Qui ne peut nier l’impact émotionnel provoqué par la photo de presse. Celle-ci est choisie soigneusement pour susciter l’accroche chez le lecteur potentiel et, bien entendu, pour compléter l’article. Certaines photos peuvent révéler une information implicite qu’il convient de prendre en compte lorsqu’on analyse la presse écrite en classe.
Pour aborder cette dimension de l’éducation à la presse et à l’image, rien de tel que de mettre les enfants en projet. D’un point de vue familial ou professionnel, on constate que la photo numérique est en plein essor. Le prix des appareils s’est démocratisé. Désormais, les élèves peuvent photographier sans craindre un gaspillage de pellicules, l’écran LCD permet un usage pédagogique intéressant avant la prise de vue : choix du cadre, angle, lumière, mise au point… et le transfert sur ordinateur est quasi immédiat !
Le droit à l’erreur
Eh oui, l’usage de la photo numérique rappelle aisément que dans chaque apprentissage, on a toujours le droit à l’erreur. La photo est ratée ? On l’efface et on
recommence sans préjudice ! La photo numérique a aussi apporté une préoccupation nouvelle : le traitement numérique grâce aux logiciels de retouche. De l’amélioration (fini les yeux rouges) au trucage, nombreuses sont les possibilités de modifier les clichés avec toutes les intentions sous-jacentes que celles-ci génèrent.
La lecture de l’image avant celle des mots
Dès l’enseignement maternel, la photo numérique est utile.Certaines institutrices prennent des photos d’identité de leurs bambins encore incapables, à cet âge, de reconnaître les lettres de leur prénom. Les photos sont imprimées en autant d’exemplaires nécessaires pour être apposées sur les portemanteaux, casiers de
rangements, panneaux divers. C’est aussi l’occasion pour les petits de « se voir » en image et d’en parler. « Sur sa photo, Lise sourit. », « et sur la sienne, Julien a les cheveux ébouriffés ». Cela signifie t-il que Lise est une petite fille en permanence de bonne humeur et que l’usage du peigne semble ignoré dans la famille de Julien ? C’est peut-être la représentation que chaque enfant pourrait
avoir de lui-même ou de ses amis à la vue des clichés et c’est donc l’occasion de
« jouer » avec le matériau pour découvrir que la photo est un instant figé extrait du temps.
Vers la photo légendée
La photo de presse est, dans la plupart des cas, accompagnée d’une légende qui, à elle seule, mériterait que l’on s’y attarde. Dans la classe de Anne-Françoise, institutrice dans le degré supérieur en Brabant Wallon, les enfants devaient rédiger
une légende sous chacune des deux photos prises dans la cour de récréation. La première, commune à tous les élèves, montrait un plan d’ensemble de la cour animée par les jeux du temps de midi. La seconde était une représentation personnelle de chaque enfant en activité, chacun devant donc parler de lui. Il était motivant de comparer les légendes de la première photo pour laquelle les enfants avaient rivalisé d’imagination. La seconde permettait d’analyser plus finement le sens de la phrase, le temps employé pour sa construction (présent, passé ?) et d’échanger sur ses propres représentations.
Pour apprendre à lire l’image et à l’exploiter, les idées ne manquent pas : illustration du journal de l’école, panneaux d’exposition, roman-feuilleton,
diaporama… Outre l’attrait ludique, il est évidemment plus qu’intéressant de développer l’esprit critique des jeunes à propos de l’image, matériau de
communication par excellence dont ils sont un des publics cible le plus courant.
Denis Vellande,
chargé de mission éducation aux médias.